Exprimer à voix haute ses regrets permet dans un premier temps d’être entendu dans son désarroi et, dans un deuxième temps, épargnera à la personne en deuil de ruminer ce qui suit : Si j’avais su, si j’avais pu, j’aurais donc dû… Comment éviter que les regrets se confondent avec un sentiment de culpabilité excessive ?
Les souvenirs compensent l’absence du futur tel qu’il avait été planifié avant la perte. Les images reliées aux derniers instants de la vie de l’être cher, aux moments vécus ensemble dans la joie comme dans la peine, aux principales réunions de famille, aux réalisations de chacun souvent rendues possibles grâce à l’autre, voilà ce que l’on tente de préserver comme souvenir afin de contourner la peur de l’oubli.
La gratitude provient de l’héritage affectif, de la transmission du potentiel reçu par la personne qui n’est plus, mais qui symboliquement se poursuit par le rappel ou le prolongement de ses talents, de son œuvre, de ce qu’elle nous a laissé avant de mourir. Autrement dit, la personne en deuil se fait une joie (elle la vit parfois comme un impératif ou une nécessité) de retracer le parcours de la personne décédée, de partager sa contribution, de la démarquer parmi les autres, de réintégrer le lien qui jamais ne meurt. Le mot « merci » prend toute son ampleur lors d’une perte majeure pour soi et pour ses très proches. La gratitude est la sœur aînée du bonheur retrouvé.
Ma réflexion sur les sentiments que souvent ressent l’endeuillé au cours des premiers mois s’inscrit dans cette série de quatre articles. Ce sont les thèmes les plus fréquemment évoqués dans le récit des endeuillés et je tenterai de les traduire le plus fidèlement possible dans ce dialogue avec vous. Puissent-ils rejoindre l’essentiel en vous.
Johanne de Montigny
Psychologue