Ces verts arborescents semblent vivre leur existence en propre, tout en suggérant des interactions avec le paysage. On aime à penser qu’ils émanent d’un cimetière de campagne ou de forêt, dans lequel on soigne les traces collectives des êtres, qui eux aussi, étaient dotés de mémoire. Les bleus de la mémoire.
Récit 7
Le concept d’écologie plonge dans la diversité historique des dynamiques végétales intégrées dans un tout. Le cimetière adopte ce concept, mais la symbolique qui s’y déploie ne tient pas que dans les espèces arboricoles ou dans les aménagements. Aujourd’hui, dans nos pratiques envers les morts qui se veulent respectueuses des environnements, que signifions-nous des imbrications sensibles entre la nature et la culture ?
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« (…) Mais bien je veux qu’un arbre /
M’ombrage au lieu d’un marbre,/ Arbre qui soit couvert / Toujours de vert. »
(Pierre de RONSARD, p. 63)1
« (…) Je vis parce que je regarde les arbres, la hauteur des troncs, les lignes fines des branches hautes, le feuillage à l’envers. J’alterne entre le vert, le noir.
La lumière rend jaune-vert le vert. Dans le vert, je vois le bleu. Lorsque le bleu s’assombrit, les troncs d’arbre, des épaisseurs / de lignes / entre les lignes je / vois / des arbres / autre chose. »
(Chantal NEVEU, p. 39)2
(Que de résonances familières, entre les 16e et 21e siècles ! Notamment, oui, le vert perdure.)
Joindre les forces symboliques du végétal et du « champ des morts »
Pour beaucoup de nos concitoyens, évoquer le cimetière entremêle les sentiments. Une constante semble néanmoins émerger : ce lieu emblématique devient réconfortant parce que les arbres le bordent ou le persillent de leur sollicitude. Dans le meilleur des cas. Car on sait bien que maints cimetières se trouvent dégarnis de verdure. Longue histoire3.
Mais déjà, on imagine aisément que planter un arbre (et des arbres) en association avec la mort est inhérent à la pensée symbolique. La pratique est avérée, signe qu’elle n’est pas récente.
À travers ce récit, comme dans tant de ce qu’il reste de nos aventures quotidiennes ou exotiques, que réalise-t-on ? Eh bien, au fond, combien, devant tout ce qui connote la finitude, nous avons besoin d’être rassurés. Et curieusement, il arrive souvent que ce qui nous rassure n’est justement pas ce qui ce qui avait été conçu ou planifié en ce sens, plus ou moins issu d’une bonne intention. Et en prime, éventuellement convenu, jusqu’à en être formaté en trucs et recettes lénifiants.
Ce qui rassure, oui, c’est souvent aussi éminemment ce qui dépasse notre existence individuelle. Ce qui l’enveloppe d’autant… Et souvent, surprenamment. (« Du champ gauche », comme on dit. Ce n’est pas rien, en association avec « le champ des morts », désigné tel, dans les métaphores agricoles et florales qui aident les mortels à intégrer le cycle végétal.)
Nous ressentons toutes et tous cette sécurisation non forcément recherchée, par exemple, devant la Voie lactée, même si elle impressionne. Ou devant les grands espaces boréaux. Ou devant… que sais-je ?
Et l’arbre ! Il est imbriqué aux grands mythes de l’humanité concernant l’espoir, la connaissance, la justice, la liberté. Si proche et nourricier, il prodigue autant de fruits que de bois, de sons que d’odeurs, soutenant notre vitalité ; en ce sens, il est un solide acolyte de la terre comme demeure des morts. Il salue avec nous le passage des saisons et la permanence du cycle du vivant. Continuité que l’on reconnaîtra (récit no 4).
L’arbre dressé à proximité des morts nous suggère cette sobre vitalité car « comme hors du temps, il est cet être vivant, apparemment immobile, s’élevant dans le domaine des nuages, dans un échange entre le sol et le ciel qui a fait de lui le symbole des liens entre le monde d’en bas et le monde d’en haut : l’arbre : soutien de l’univers. » (R. BOURDU, M. JOUSSAUME, p. 114). Ces intuitions multimillénaires sur la vie des végétaux et articulées finement dans les cultures animistes sont documentées notamment à propos du vaste réseau communicant des arbres5.
Ainsi non seulement notre proche à jamais éloigné n’est pas tout seul, mais nos morts ne le sont pas non plus. Curieuse équipée à explorer.
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Symbole de vie dans tant de mythologies et de religions, et même, origine de la vie, l’arbre enjambe le destin vers l’outre-vie. Arbre de vie. Cette accointance cosmique des sensibilités, on la figure depuis l’Antiquité première. Elle fut représentée en Égypte cinq siècles avant notre ère : la déesse Nout émerge d’un sycomore sacré6 afin d’offrir au mort une nourriture elle aussi sacrée.
Cette prédilection de non-pourrissement ne concerne pas ici notre matière corporelle, elle la transcenderait plutôt ; s’ouvre la voie à ce qui deviendra une longue allée d’arbres protecteurs des morts. Leur point commun ? La persistance : celle de ces verts réputés pérennes, celle de ces émanations si subtiles, celle de ces résistances face aux intempéries et aux agents pathogènes. Les peupliers, sycomores, platanes, oliviers (Éthiopie), et parfois, les chênes, ont rempli ces fonctions. Les lauriers également, et plus typiquement, on pense évidemment aux saules et à leurs branches tombantes, tels des pleurs.
Ordonnés ou en bosquets, en isolats ou en liserés, les voir nous rassure. La gravité n’y est pas non plus étrangère : on reconnaît les cyprès à leurs traits sombres. Le buis, mais surtout les ifs, si vénérés à l’origine par les Celtes et les Gaulois qui les ont érigés en symbole funéraire, sont les champions tous azimuts de longévité et de permanence du feuillage. Ils sont rejoints sur nos territoires par les pins dont les lourdes ramures se balancent au vent comme si elles méditaient. Parmi les autres conifères, le sapin n’est pas en reste ; puis, en usage souterrain, il est donné dans l’ancien langage populaire comme « habit des morts7 ».
À l’instar des cèdres souvent plantés à proximité des tombes, ces espèces puisent dans la matière ensevelie les nutriments qui vont les faire migrer du vert au bleu. On le constate, ce trait ne traduit pas en l’occurrence que la vision de la poétesse qui ouvrait ce récit. J’avais pour ma part promis à un de mes aimés que j’allais déposer l’urne cinéraire — bleue — dans le lot de ses parents, m’indiquait-il, « surmonté de trois cèdres », à Québec. Je ne pouvais manquer ces cèdres, à propos desquels nous avions évoqué le Liban, dont ils sont l’emblème. Et comme — paraît-il — tout se tient, « le cimetière Notre-Dame de Belmont de Québec est (…) un cimetière paroissial par sa tenure foncière, un cimetière rural par sa localisation et un cimetière-jardin par son aménagement ! » (M. BRODEUR, p. 508). Fidélité et gratitude. Thuyas impérissables.
Et puis, donnée significative : aucun de ces arbres ne loge exclusivement au cimetière. Les morts n’en auraient pas le monopole, et de leur silence peut résonner le puissant partage de symboles vitaux.
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Les espèces évoquées il y a un instant sont choisies, oui, en fonction de la stabilité de leur feuillage et de leur résistance au pourrissement. Leur rapport naturel à la vie est ainsi saisi sous l’angle dominant de la confiance au temps, de la poésie et de l’apaisement. Pourquoi pas ?, pourrait-on dire, dans la logique de nos modes de défense qui cherchent, avec raison, à rendre la réalité de la mort un peu plus tolérable. La statuaire et l’iconographie, tout comme les épitaphes, ont pu également contribuer à une certaine unité entre la référence à un ordre cosmique, les croyances religieuses et le regroupement des morts où le lignage importe ; toutes ces formes participent de notre désir d’immortalité, ce refus d’une mort qui soit absolue, totale. Encore ici, le souvenir des morts — de la mort — irrigue cette propension à (sur) vivre.
Dissocier les diverses naturalités?
Un enjeu contemporain
A contrario, sous des échelles et ampleurs différentes, le souhait plus ou moins conscient d’éliminer le caractère organique de toute chose vient quelque peu fédérer les acteurs sociaux suivants : les crématistes (la crémation coupe court au processus de décomposition), les marbriers (le monument dissimule cette dynamique de minéralisation et en interdit l’accès), les chargés d’entretien qui « planent » les lots de cimetières (saisis dans le pragmatisme économique) et, enfin, celles et ceux qui abhorrent les fleurs, vivaces ou coupées, parce qu’elles se perdent dans l’humus. L’humilité, justement, du bouquet flétri, ne peut pas grand-chose contre la gerbe de fleurs synthétiques, elles « si belles qu’on dirait qu’elles sont vraies. »9.
Le romantisme des cimetières campagnards du 19e siècle s’efface ainsi comme modèle général au bénéfice d’un lieu de rappel, non pas tant de la fragilité existentielle que de la conservation des morts. Or, réduit à cette signification, le lieu des morts peut bien être voué à leur disparition. Nuançons toutefois. Le culte des tombeaux (voir prochain récit) est sans doute moins prisé, mais le sort des restes des défunts, lui, connaît comme on sait d’autres ramifications, dont ici, la récupération dite naturelle.
« Dite » ? C’est que le déni du cycle naturel emprunte globalement une stratégie remarquable, par-delà les apparences de recevabilité. On élimine d’abord les traces de dégradation de l’individualité, du fait que l’usure et la déliquescence physiques nous sont intolérables. La vogue de la crémation technique l’atteste largement, et en prime, dé-naturalise, puisqu’une première étape mécanise et pulvérise les restes. Les rend comme irréels. (Or, ce procédé, polluant et brutal, de même que ce sentiment sont… balayés.)
Mais il faut bien que l’imaginaire se rattrape. Une sorte d’amende honorable de la part du psychisme collectif se serait ainsi ritualisée depuis la seconde moitié du 20e siècle : dans la foulée des cimetières bucoliques du siècle précédent10, nous avons conçu des jardins du souvenir (et leurs euphémismes équivalents, de type « parc commémoratif »), dans lesquels la plantation d’un arbuste rustique vient coiffer la déposition des cendres : en exemple classique, au pied d’un rosier, la désignation de l’origine desdites cendres vient rallier le souvenir des êtres singuliers et celui de la coexistence collective des vivants et des morts. Que leurs liens soient assumés est une autre histoire.
Néanmoins, cette pratique horticole a inauguré un remarquable renouveau d’aménagements paysagers, si ce n’est architecturaux, en parallèle de la fréquentation des cimetières, en raison de leur caractère d’archives patrimoniales, voire muséales. Tous ces ménages et ces mises à l’ordre organisationnelles ne sont pourtant pas sans risques. Bien sûr, la beauté y est prismatique, au fil des entrelacements des végétaux avec des œuvres d’art mémorielles et des espaces que l’on tente d’aérer, parfois au gré des parcours indiqués des tombes mémorables. Se peut-il pourtant que, par-delà la bonne volonté, on relègue la mort au passé ? Que cet aménagement micro-paysagé laisse l’impression d’une nouvelle normativité du lisse afin de nous éviter ce qui est vécu comme aspérité du destin ?
Une autre logique intervient par ailleurs : hormis ce qui fut souligné des pratiques d’épandage plus fantaisistes (récit no 6), une figure contemporaine tient dans les cimetières forestiers (allemands à l’origine) et leurs variations. Ici, les substrats osseux des morts font partie intégrante du boisé ; secondarisés, ils sont le plus souvent complètement assimilés à la nature. Dès lors, à la limite, en glorifiant le recyclage naturel des restes humains sous ces modalités, ne les avons-nous attachés qu’à la nature ?
Deux traits sont ainsi à observer : d’abord la sémantique des lieux les donne volontiers comme « jardins » ou sentiers « de vie », rejoignant avec raison l’idée du cycle vital. C’est là que la récupération paraît factice puisqu’elle oblitère souvent une condition… fondamentale : la mort. La mort en soi. On nous serine plutôt une mort qui serait exclusivement entérinée par la raison, unidimensionnelle, si ce n’est banalisée puisque donnée essentiellement comme inhérente à l’existence, ou comme simple partie du cycle vital ; peut-être, dans une impuissance relative, pour éviter la souffrance de la séparation et l’apprentissage de la réalité du destin, planétairement si inique ? Si c’est le cas, le chemin est tracé pour donner la mort ET la nature comme uniquement — et artificiellement — apaisées, oubliant dans la foulée que la nature n’est pas que douce. Et que la mort n’est pas forcément soumise à une pseudo-acceptation.
Ensuite, et corrélativement, en quoi les morts si absentés sont-ils un tant soit peu présents ? Que l’on émaille les sentiers d’affichettes nominatives singularisées marque bien sûr la participation de nos ex-vivants à l’univers cyclique imparable. Mais on peut aussi négliger d’assigner un espace précis à un mort, dans notre souhait contributif — voire fusionnel — de matérialisation indissociable, les cendres déposées près des racines. Un cran de plus, on peut s’épargner d’indiquer expressément que des restes des morts gisent là. « La vie », uniforme ! « Comme si » la mort n’était qu’un moment libérateur d’une quelconque essence humaine.
Ce faisant, à force de penser à « intégrer la mort », on la naturalise à tout prix. Effet pervers, ce bucolisme « songé » la déculturalise : les traces matérielles des individus s’estompent, leur regroupement s’étiole, à l’instar des cendres envolées ou privatisées. Les morts sont ainsi perdus doublement : par leur départ existentiel ET par la disparition de ce qui les évoque concrètement. Comme si tous, nous devenions « purs » esprits. Par conséquent, nous émancipons les morts de leur historicité, dans le temps court d’une existence, soit, mais bien davantage, dans le temps long de la chaîne des générations. Elle est rompue. Or, si le mort peut dorénavant appartenir exclusivement à ses proches (récits nos 6, 9), et ici, à la nature, il sort du noyau du temps culturel.
On sait que le bon sens écologique nous invite à des pratiques protectrices de l’air et des nappes phréatiques. Il ne nous convie pas pour autant à enfouir dans le néant les traces tangibles de la solidarité des vivants face à la mort. Or, inventer et soutenir des formes afin de ne pas laisser ce néant (trop) nous accabler est précisément le propre de la culture.
La culture n’est pas abstraite. L’endeuillé qui s’appuie sur l’arbre en bordure du cimetière ne fait pas que déployer à son insu un rituel secret. Il témoigne de l’importance du jeu entre le visible et l’invisible, autrement dit de la nécessité de signe et de lieu médiateurs entre notre expérience intime et les pratiques socialisées et historicisées. Et les végétaux plantés là par des humains ont justement offert le précieux symbole de liant entre nature et culture. L’une et l’autre ont toujours à négocier leur place en ce lieu. Comment y être sensibles, comme à l’écoute des vents ? Et des chants humains qui les ont entendues?
« Les arbres timides et forts / La nuit parlent à voix haute / Mais si
simple est leur langage / Qu’il n’effraie pas les oiseaux
Près du cimetière où les morts / Remuent leurs lèvres de cendre /
Le printemps en flocons roses / Rit comme une jeune fille / Et parfois
comme le cœur / Prisonnier d’un vieil amour /
La forêt pousse un long cri / En secouant ses barreaux.
(Marcel BÉALU, p. 30)11
LUCE DES AULNIERS
Professeure-chercheure
Notes
- De RONSARD, Pierre de (1550). Odes, quatrième livre, tiré de CHABOT, André (1993). La mort et ses poètes, Paris, Le Cherche-Midi, 204 p. Soulignés de LDA.
- NEVEU, Chantal (2000). Une spectaculaire influence, Montréal, L’Hexagone, 60 p. Soulignés de LDA.
- Au Québec, peu d’études se sont consacrées à cette question. Les textes produits par ailleurs s’emploient à une description de base des modèles (français : ordonné, rationnel; à l’anglaise, pastoral, aléatoire; mixtes et parfois) et des comparaisons locales. Voir par exemple : LINCOURT, J-Jacque (2018). « Du modèle paysager de nos cimetières », Bulletin La Veille (Fédération du patrimoine funéraire du Québec), Vol. 6, no 1 (Hiver 2018), pp. 32-35, 41 p.
- BOURDU, Robert et JOUSSAUME, Monique, Photographies de M. VIARD (1988). Arbres souverains, Paris, Éditions du May, 207 p.
- WOHLLEBEN, Peter (2015). La vie secrète des arbres. Découverte d’un monde caché (traduit de l’allemand par C. Tresca), Paris, Les Arènes, 2017, 300 p. Il existe aussi d’autres travaux plus scientifiques.
- Le sycomore était à l’origine un figuier, ici sacré. Pour la taxonomie contemporaine, il est une sous-espèce de l’érable. Bien davantage, les sycomores de mon enfance, c’étaient les « hélicoptères » que nous ramassions à la pelletée et que nous lancions du plus haut possible.
- Au 19e siècle, autant en anglais (« pine overcoat ») qu’en français (« paletot de sapin »), cette essence commune utilisée depuis des siècles pour les cercueils a lancé sans le vouloir la surenchère des essences. Retenons néanmoins l’idée d’un habit en bois, en sus du linceul ou des vêtements, non seulement pour protéger, mais «dont la rigidité représente métonymiquement celle du cadavre (...) (et) dissimule le refus de voir le corps» (p. 271), de plus en plus observable dès cette époque, si bien que les commentaires se sont davantage centrés sur le cercueil et plus généralement ensuite, sur le contenant. COURTOIS, Martine (1991). Les mots de la mort, Paris, Bélin, 410 p.
- BRODEUR, Mario (dir.) (2011). « Cimetières paroissiaux, cimetières ruraux... », Guide des cimetières du Québec, Montréal, Éd. La Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal, 335 p.
- Cette idéologie du « comme si », ce «faire semblant de», cette facilité de l’illusion, seraient subrepticement devenus un mode de vie passe-partout : nous aimons que les choses empruntent les apparences d’une réalité donnée comme idéale. On verra en autres récits comment cette magnification crédule vient se plaquer sur le sort des morts.
- L’association des restes des défunts avec le monde arboré est aussi antérieure à cette époque : ainsi, (source introuvable) jusqu’au 18e siècle, chez les peuples slaves, on pouvait les enterrer sous les arbres. L’arbre déterminait la place du mort et non l’inverse, c’est-à-dire la sépulture sur laquelle on plante ensuite.
- BÉALU, Marcel (1958). L’Air de vie, Paris, Seghers, cité dans BOURGEOIS, Louis (Présentation), « Les poètes et la mort », Poésie 1, Paris, Seghers, No 65, mai-juin 1979, 130 p.
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De RONSARD, Pierre de (1550). Odes, quatrième livre, tiré de CHABOT, André (1993). La mort et ses poètes, Paris, Le Cherche-Midi, 204 p. Soulignés de LDA.
NEVEU, Chantal (2000). Une spectaculaire influence, Montréal, L’Hexagone, 60 p. Soulignés de LDA.
Au Québec, peu d’études se sont consacrées à cette question. Les textes produits par ailleurs s’emploient à une description de base des modèles (français : ordonné, rationnel; à l’anglaise, pastoral, aléatoire; mixtes et parfois) et des comparaisons locales. Voir par exemple : LINCOURT, J-Jacque (2018). « Du modèle paysager de nos cimetières », Bulletin La Veille (Fédération du patrimoine funéraire du Québec), Vol. 6, no 1 (Hiver 2018), pp. 32-35, 41 p.
BOURDU, Robert et JOUSSAUME, Monique, Photographies de M. VIARD (1988). Arbres souverains, Paris, Éditions du May, 207 p.
WOHLLEBEN, Peter (2015). La vie secrète des arbres. Découverte d’un monde caché (traduit de l’allemand par C. Tresca), Paris, Les Arènes, 2017, 300 p. Il existe aussi d’autres travaux plus scientifiques.
Le sycomore était à l’origine un figuier, ici sacré. Pour la taxonomie contemporaine, il est une sous-espèce de l’érable. Bien davantage, les sycomores de mon enfance, c’étaient les « hélicoptères » que nous ramassions à la pelletée et que nous lancions du plus haut possible.
Au 19e siècle, autant en anglais (« pine overcoat ») qu’en français (« paletot de sapin »), cette essence commune utilisée depuis des siècles pour les cercueils a lancé sans le vouloir la surenchère des essences. Retenons néanmoins l’idée d’un habit en bois, en sus du linceul ou des vêtements, non seulement pour protéger, mais «dont la rigidité représente métonymiquement celle du cadavre (...) (et) dissimule le refus de voir le corps» (p. 271), de plus en plus observable dès cette époque, si bien que les commentaires se sont davantage centrés sur le cercueil et plus généralement ensuite, sur le contenant. COURTOIS, Martine (1991). Les mots de la mort, Paris, Bélin, 410 p.
BRODEUR, Mario (dir.) (2011). « Cimetières paroissiaux, cimetières ruraux... », Guide des cimetières du Québec, Montréal, Éd. La Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal, 335 p.
Cette idéologie du « comme si », ce «faire semblant de», cette facilité de l’illusion, seraient subrepticement devenus un mode de vie passe-partout : nous aimons que les choses empruntent les apparences d’une réalité donnée comme idéale. On verra en autres récits comment cette magnification crédule vient se plaquer sur le sort des morts.
L’association des restes des défunts avec le monde arboré est aussi antérieure à cette époque : ainsi, (source introuvable) jusqu’au 18e siècle, chez les peuples slaves, on pouvait les enterrer sous les arbres. L’arbre déterminait la place du mort et non l’inverse, c’est-à-dire la sépulture sur laquelle on plante ensuite.
BÉALU, Marcel (1958). L’Air de vie, Paris, Seghers, cité dans BOURGEOIS, Louis (Présentation), « Les poètes et la mort », Poésie 1, Paris, Seghers, No 65, mai-juin 1979, 130 p.