Memento Mori au cimetière Uj Köztemetö, Budapest, Hongrie, page couverture de Concert de silence, Éditions Maison de la culture de Tournai, Galerie Koma Mons, Coll. Carré noir, 108 p.
Celles et ceux qui arpentent les cimetières ne sont pas les seuls à turluter en vrai ou mentalement. Ou à confier à un violon le soin d’élancer ses notes à destination des allongés, là.
Alors, quelles musiques entendent et écoutent celles et ceux qui nous en ont livré et en livrent toujours quelque secret?
Récit 12
Avec le concours d’ANNE RICHIER
Archéoanthropologue
« Nos sources ne sont pas des écrits, ou des enquêtes ou des observations
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Tout un chacun le sait, ou du moins, s’en doute : nous connaitrions bien peu des us et coutumes des sociétés anciennes, et a fortiori des tresses qui nous y relient, sans les découvertes des archéologues. Métier de patience et de pugnacité (ne serait-ce que sous tant de climats), de dextérité et de haute maîtrise technique, de discernement, ceux-ci souvent appuyés sur d’autres disciplines. Donc métier aux savoirs ramifiés.
En dépit de bien des obstacles, autant de terrain qu’issus des institutions, demeure cet art de la belle ouvrage. Et singulièrement, au sein de cette spécialité qu’est l’archéothanatologie, ici et ailleurs2.
Autant nos aimés disparus n’arrivaient pas de nulle part — déjà, avec ou sans nous —, autant les cimetières ne sont pas de simples réceptacles de leurs restes. Entendons en relais l’une des auteures des extraits liminaires qui a fait de l’archéothanatologie une spécialité et une passion, Anne RICHIER, avec qui je poursuis ici une conversation entamée il y a une dizaine d’années, mais aujourd’hui dans la perspective du deuil et des deuils dans le temps et la mémoire collectifs.
À distance... chaude
LDA : J’ai souvent validé auprès des étudiant.e.s combien mes enseignements et formations en socioanthropologie de la mort pouvaient contribuer, mine de rien, au long travail de deuil des uns et des autres. Ce n’était bien sûr pas l’objectif, mais je me suis rendu compte de ceci : s’ouvrir à cette analyse induit un mouvement apparenté au processus de deuil qui fait en sorte que nous prenions distance du vif du chagrin, de l’acuité du manque. Non pas pour les rejeter ou les oublier, mais pour métaboliser leur force, justement, en une intégration subtile de la personne qui n’est plus, si bien que l’absence, si réelle et lancinante, se transforme quelque peu en une autre présence, douce, à multiples tonalités de gris.
Or, prendre distance des vécus, des attitudes, des pratiques pour les arrimer en ensembles signifiants et en questionner le sens, c’est la clé de voûte de l’anthropologie. En cela, l’exercice même qu’opère l’anthropologie, en se dégageant du « à vue de nez », pourtant finement décrit, et en interprétant ce qui se passe dans les logiques plus larges, offre un exemple d’aération des expériences. On m’a dit : « D’apprendre sur d’autres cultures aide à me comprendre. »
À sa manière, l’astrophysique ferait de même : nous connaissons mieux la Terre en explorant sa galaxie et ses « au-delà ».
De son côté, l’archéologie joue un rôle semblable, tu ne penses pas ? Pour toi, Anne, et pour nos contemporains qui s’intéressent à vos découvertes ?
AR : Sans nécessairement le verbaliser, j’ai toujours été intimement persuadée que côtoyer des morts au quotidien, même anciens, avait un impact sur ma façon de considérer la mort, que ce soit la mienne au sens existentiel, ou celle de mes proches et celle des autres. « Nous travaillons sur un sujet qui nous travaille », disent les sociologues ; la formule est belle, elle est surtout vraie.
LDA : Les psychanalystes ne seraient pas en désaccord.
AR : Qu’on le veuille ou non, le squelette que l’on met au jour dans les fouilles archéologiques ou que l’on étudie en laboratoire est l’image de notre futur. Je me suis beaucoup questionnée au début de ma carrière sur les raisons de mon choix de spécialisation.
En dehors de la dimension scientifique et heuristique3 de l’archéothanatologie, que cherchais-je en décryptant inlassablement la vie et la mort passées ? Je pense aujourd’hui que je cherchais et cherche encore ce qui me touche le plus dans les civilisations anciennes et plus récentes : les marques d’attachement. Ou d’amour, pour aller plus loin.
Je reprends tes mots, Luce, « la mort, cette salope4 », peut aussi s’aborder de façon plus sereine dès lors que l’affect ne vient pas troubler la nécessaire distance scientifique. Cette dernière est indispensable pour ne pas verser dans la mélancolie. Et pourtant, cela peut arriver. Nombre de mes collègues, touchés par un décès proche, n’ont plus voulu fouiller de squelettes pendant des mois, voire des années. Cela montre à quel point étudier quelque aspect de la mort et la vivre sont intriqués.
LDA : De le ressentir ainsi et d’en tenir compte constituent une clé pour un équilibre mental et professionnel le plus juste possible ?
AR : Surtout parce que dans notre métier, la part d’imaginaire et donc de subjectivité est prégnante. Parce que l’archéologie funéraire restitue bien souvent en volume des éléments disparus (chairs, bois, tissus…), recompose les étapes à partir de la mise en terre, et reconstitue des pans de l’histoire à partir de sources fragiles et muettes.
LDA : En effectuant cette ascèse-discipline de recomposition, on combine les savoirs institutionnalisés et les interprétations qui ne sont pas « neutres », forcément.
AR : Assurément. Nous savons bien que chaque discipline forme une « matrice » qui modifie, bien au-delà du cercle professionnel, les façons de penser, d’être au monde et de restituer le fruit des recherches. Dès lors, la perméabilité entre objectivité et subjectivité, entre intellect et affect, entraîne une posture participante. L’objet/sujet d’étude ne peut pas être totalement détaché de moi, ne peut être lointain et indistinct, puisqu’il est aussi en moi et que je suis issue du passé que j’étudie.
Alors oui, je pense que côtoyer la mort au quotidien, dans le sens matériel ou philosophique, nous permet quelque part de l’apprivoiser un peu, en tout cas de nous familiariser avec son caractère inéluctable. Il me semble que nous nous trouvons alors tout à la fois plus conscients de notre souffrance et davantage avertis lorsque celle-ci touche nos proches. Mais nous resterons tous désemparés de la même manière face à l’absence.
L’image du squelette et son symbole :
ici, indéniable trace d’une vie passée
LDA : Le symbole du squelette est intrigant : il condense la dialectique entre la vie et la mort, à la fois opposées, imbriquées et nécessaires l’une à l’autre. Ainsi, le squelette est symbole de mort, mais c’est bien l’ossature qui protège nos organes vitaux, et aussi l’enfant à naître. Est-ce que ça t’arrive d’échapper ce type de pensée dans ton travail, soit en chantier, soit par suite ?
AR : J’ai toujours été frappée par la dimension esthétique du squelette humain. À l’épreuve de la fouille, les ossements se dévoilent peu à peu, souvent parfaitement connectés entre eux. Je trouve, par exemple, qu’un pied complet et en connexion, fort de 26 os s’imbriquant les uns dans les autres, est le summum de la perfection anatomique. Et du squelette complet, étendu comme au moment de son dépôt dans la tombe, s’échappe une image que l’on peut trouver belle, à l’instar des Memento mori5 ou des Vanités de la Renaissance et de l’époque baroque. Dépouillés de la chair et de toutes les matières organiques, les os sont secs, minéraux, stables. Ils symbolisent la mort, mais sont le support de la vie, oui. Curieux paradoxe.
Ils sont l’ultime trace d’une vie passée.
Et en cela, nous archéologues, nous intéressons également à la façon dont les sociétés traitaient les ossements, quels étaient leur statut et leur charge symbolique à travers l’histoire. Si, pour les périodes anciennes, il est difficile de remonter aux pensées qui sous-tendent les gestes, en revanche, la conservation des ossements, même désarticulés au sein des espaces funéraires, peut constituer une piste d’interprétation. Il est ici question de mémoire et d’oubli, oubli individuel, puis oubli collectif. C’est ce dernier qui signerait une certaine déshumanisation, à travers la réification des restes osseux, ceux-ci n’étant plus attachés à aucune communauté.
LDA : Ça ouvre le champ de la contribution de la mémoire à « l’humanisation », voire le sens même « d’humaniser ». Parce qu’on ne peut concevoir la mémoire en dehors de nos retraçages des singularités et au surcroît, liées, fécondes. Il demeure que la mémoire à laquelle tu réfères renvoie à des époques balisées. Et aux rapports au temps qui les caractérisaient.
AR : C’est un aspect essentiel de notre discipline : quel était le temps de la mémoire, individuelle ou collective ? Était-il le même hier qu’aujourd’hui ? Il semble que la mémoire effective, c’est-à-dire qu’il subsiste quelqu’un pour se souvenir du mort en tant qu’individu, soit identique selon les époques. C’est même ce qui caractérise l’être humain depuis qu’il enterre ses morts et les entoure de pratiques funéraires. La mémoire collective est rattachée à une communauté, villageoise, culturelle, religieuse ou autre. Dès lors que celle-ci se morcelle et s’éteint, les restes osseux se vident de sens et peuvent alors être traités comme des résidus devenus moins investis. Cela a été mis en évidence sur de nombreux sites archéologiques, quelles que soient les époques.
LDA : Mais cela empêche-t-il qu’on se sente lié à la très longue histoire humaine ?
AR : Non, au contraire même, nous sommes un peu comme des passeurs du temps, en faisant réexister l’enfoui, l’oublié, l’occulté. Des pans entiers de l’histoire humaine sont ramenés dans le présent, voire dans le futur, où ils participent à la mémoire collective. Et pour les restes osseux, ils sont tous étudiés et conservés de la même façon, quel qu’ait été leur traitement dans le passé.
Les objets trouvés dans les fouilles, multivocaux
AR : Découvrir des objets dans une tombe ancienne est toujours touchant. Outre leur intérêt scientifique et chronologique, ces objets déposés avec le mort sont chargés de symbolisme. Il peut s’agir d’offrandes ostentatoires comme durant l’Antiquité (trousse de toilette, dizaines de vases, aliments, lampe à huile pour éclairer les ténèbres, monnaies pour payer le passage du fleuve des morts…), mais également d’objets du quotidien beaucoup plus simples (alliance, médaille, canif…). Et ce sont peut-être ces derniers qui sont les plus émouvants. Ils racontent un fragment de vie, un fragment d’histoire, souvent modeste, et leur simplicité rend leur dépôt encore plus signifiant.
Lorsque les tombes sont remplies de mobilier, on en oublie un peu le mort, alors que lorsqu’il s’agit de quelques objets du quotidien, ils sont un appel direct à l’imaginaire : ce petit sifflet en terre cuite était-il le jouet préféré de cet enfant ? Cette médaille religieuse était-elle portée depuis l’enfance par cette femme ? Pourquoi cet homme a-t-il été enterré avec une bouteille de vin contre sa tête ?
L’un des artéfacts découverts dans une tombe du début du 19e siècle que j’ai eu l’occasion de fouiller qui m’a le plus interpellée est un bocal pharmaceutique contenant les restes d’un fœtus. Déposé dans une tombe d’adulte, entre le cercueil et la fosse, cet « objet » était porteur de deux volontés a priori contradictoires : réifier le petit être non viable par son exposition dans un bocal et l’humaniser en le déposant dans un lieu funéraire.
LDA : Ce doit être de fait troublant. Il demeure tout un contexte historique et épidémiologique. Tu as bien signalé dans ta thèse6 combien, en ces débuts de laboratoires anatomiques, on rendait parfois visibles ces fœtus non viables. Mais il me semble que ce contenant n’est pas non plus l’équivalent d’un linceul, puisqu’un linceul, puis un cercueil, protègent en cachant. Comme si on avait changé d’idée sur son sort ? Et encore plus hypothétiquement, de le déposer là, pourquoi ? Par piété filiale, advenant un lien de parenté avec l’adulte à côté ? Par désarroi ?...
AR : Tu sais, des découvertes comme celle-ci nous poussent à remonter aux motivations des inhumants, même si l’on ne peut pas toujours trouver des clés d’explication. Mais les « objets » qui touchent le plus sont ceux qui révèlent l’identité du défunt, même par un simple prénom, comme un « Istefanus » inscrit sur une stèle funéraire datée du 6e siècle, ou un nom d’origine italienne sur une stèle du 19e siècle. La distance, à la fois scientifique et temporelle, s’efface alors en découvrant le nom et la date de mort de la personne que l’on met au jour.
LDA : Ce qui prouve que la technique qui a permis aux humains de survivre, peut, en s’affinant, se mettre au service de l’humanisation, plutôt que de la rogner et de la détruire...
Par ailleurs, votre travail se fait largement à ciel ouvert, devant témoins. Eh bien, dis donc.
Les commentaires bigarrés des observateurs
au pourtour des chantiers
AR : La mort agit comme un aimant, elle attire et repousse à la fois7. Pris dans ce champ magnétique, les curieux risquant un œil sur des fouilles de sites funéraires réagissent de multiples façons. « Mais laissez-les tranquilles, vous êtes des profanateurs de tombes ! » ; « Ce sont de vrais os ? » ; « C’est dégoûtant ! » ; « Ils étaient grands à l’époque, et ils avaient de belles dents » ; « Vous dormez bien la nuit ? » ; « Ma grand-mère me racontait que, quand elle était enfant, elle venait ici pour jouer avec des ossements » ; « Vous en faites quoi, des os, après la fouille ? ».
Ce florilège de réactions courantes, loin d’être exhaustif, illustre plusieurs types de questionnements ou d’inquiétudes relatifs principalement au respect des morts, à l’intérêt scientifique, et au devenir des restes humains exhumés. Dans l’imaginaire collectif, la dernière demeure est un lieu sacré qui se doit d’être pérenne. Ainsi, il est fréquent que des visiteurs s’émeuvent de nos interventions archéologiques, alors même qu’elles sont la conséquence d’un projet de construction ou d’aménagement détruisant à terme le site. Il s’agit à ces occasions d’expliquer que, précisément, nous sommes là pour sauvegarder ce patrimoine funéraire, non par la conservation, mais par l’étude.
Celle-ci permet de comprendre la façon dont les vivants traitaient leurs morts, et, au-delà, leurs croyances eschatologiques, mais également d’approcher leur dimension biologique (âge au décès, sexe), leur état de santé (maladies, carences), voire leurs activités. À partir de l’étude d’anthropologie biologique, il est possible de bâtir des profils démographiques qui renseignent directement à propos des conditions de vie et de mort de populations passées. Quant au devenir des ossements après étude, ils sont conservés au sein de dépôts archéologiques, voire d’ostéothèques (contenant uniquement des restes humains), et protégés en France par le Code du Patrimoine. Une fois ces explications avancées, les visiteurs repartent rassurés, ayant oublié l’espace d’un instant que nos sociétés actuelles n’ont le plus souvent cure de la pérennité des morts et des espaces qui leur sont dévolus.
J’ai souvent remarqué que les enfants avaient une démarche beaucoup moins torturée face aux morts que les adultes. Ils posent des questions rationnelles, curieuses, intéressantes, alors même que leurs parents voudraient secrètement leur en épargner la vision, par crainte de traumatisme. La vue d’un « vrai » squelette, assortie d’explications et d’éclairages pour comprendre l’intérêt de l’investigation archéologique, est à mon sens bien moins traumatisante, voire apaisante à une époque de profusion d’images morbides.
LDA : Tout à fait ! Et, à titre de responsable de chantier, tu instaures ainsi une pédagogie des rapports vivants-morts qui repose sur une réalité limitatrice, soit, mais qui inscrit l’humain dans un imaginaire davantage créateur.
Les musiques et les turlutes des gens du métier
AR : La « musique » des archéologues, c’est le bruit des pelles mécaniques, de la terre qu’on gratte, des aspirateurs qui retirent les poussières, des truelles qui rencontrent un caillou ou un os, de la pluie sur les bâches, des topographes qui hurlent après chaque point relevé : « C’est bon ! », et des plaisanteries qui fusent ça et là. Ce brouhaha plein de vie est loin du silence des cimetières en activité. Quand on fouille, on ne peut pas être dans le recueillement, le silence, la peine, comme on peut l’être en visitant un cimetière rempli de tombes inconnues...
On dit souvent que la fouille et l’étude redonnent vie aux morts, en les sortant de l’oubli. Mais l’on redonne aussi un petit peu vie, le temps d’un chantier, au lieu qui a accueilli tous ces morts. Et une fois partis, avec notre bruyante et joyeuse équipe, le silence se réinstalle.
LDA : À quoi pense-t-on lorsque l’on fouille un squelette ?
AR : À tout, à rien, comme dans la vie de tous les jours. Certains troquent le casque anti-bruit engageant au silence intérieur contre des écouteurs pour fouiller en musique : besoin de se mettre dans une bulle. Le ressenti du fouilleur doit bien sûr être différent selon qu’il écoute du Bach, de la pop ou du rap en dégageant minutieusement des restes humains. Mais le geste technique prend souvent le pas sur les rêveries, la concentration nécessaire oblige à déchiffrer les assemblages osseux, un peu comme un musicien face à une partition nouvelle. À défaut d’un dialogue avec le mort, il s’agit d’un réel langage permettant de comprendre peu à peu les modalités d’inhumation, de restituer les éléments disparus mais aussi les gestes et les intentions des vivants.
LDA : Anne, et le violon ?
AR : L’association de la mort et du violon, pour reprendre le cliché photographique générateur de nos propos, m’évoque une fouille de cimetière où une collègue faisait ses gammes au violon pendant les pauses au milieu des morts. Elle ne pouvait s’exercer dans la chambre qu’elle louait et nous avait demandé si cela ne nous dérangeait pas qu’elle joue lorsque nous nous reposions un peu. Le souvenir de ces sons à la fois doux et aigrelets mêlés à l’image de la musicienne solitaire et élégante, déambulant au milieu de dizaines de squelettes étendus et forcément attentifs, nous a plongés dans une autre dimension.
J’y repense souvent.
LDA : Il nous semble l’entendre. T’entendre, que ouï(e).
Luce DES AULNIERS, professeure émérite, UQÀM, et Anne RICHIER, ingénieure de recherches, Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), France
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Notes
- BONNABEL, Lola, RICHIER, Anne (2016). « L’archéologie. Au centre ou à la marge de plusieurs disciplines ? », Revue des sciences sociales, sous thème Indiscipliné.e.s, Université de Strasbourg, No 56, 2016, mis en ligne le 10 juillet 2018, consulté le 26 décembre 2021.
URL : http://journals.openedition.org/revss/400 ; DOI : https://doi.org/10.4000/revss.400
(Paragraphe 2 , Résumé, paragraphe 30.) Soulignés de LDA.
[Ces deux auteures, comme LDA, qui se joint à elles à l’occasion, sont membres du Groupe d’Anthropologie et Anthropologie du Funéraire (GAAF), qui mène des recherches, propose des ateliers et organise des rencontres interdisciplinaires. Remerciements aussi à Hervé GUY, anthropologue et archéologue.] - L’archéothanatologie étudie la mort passée sous plusieurs dimensions (archéologique, biologique, anthropologique). Quelques éléments des chantiers québécois seront traités en lien avec les enjeux patrimoniaux dans un prochain Récit.
- Heuristique : art d’inventer et d’abord de découvrir, singulièrement en proposant une méthode claire.
- Expression tirée de LDA, « La belle, la (dé)-possédée, la digne, l’inouïe », Revue internationale d’action communautaire, Vieillir et mourir : à la recherche de significations, No. 23/63, Printemps 1990, 79-98.
- Par étymologie, un Memento mori est un rappel de la finitude : « Souviens-toi de la mort, que tu es mortel.» (et non pas le répandu « que tu dois mourir »). On trouve dès l’Antiquité grecque des formules de ce type, répandues au Moyen-Âge dans la pastorale chrétienne (les ouvrages d’Ars moriendi ou Art de mourir) et dans l’iconographie d’abord religieuse, puis largement reprise au 17e siècle : un être méditant dans le clair-obscur sur une tête de mort, des sabliers, etc. Lorsque l’image s’accompagne de fruits de la beauté et de l’abondance, on parle davantage de Vanités, puisqu’elles mettent en contraste non seulement le mort qui emporte le vif (comme dans Les danses macabres), en soulignant l’égalité du destin, mais l’arrachement à la vie, si ce n’est un certain détachement. Je reviendrai sur les Memento mori contemporains.
- RICHIER, Anne (2020). Mort ordinaire, morts ordinaires : traitement et devenir des corps dans les cimetières à partir de l’exemple provençal (XVIe – XIXe siècle). Apports de l’archéologie à l’histoire et à l’anthropologie sociale, Thèse en anthropologie sociale et historique, École doctorale de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), Marseille, 474 p. (Non encore éditée)
- C’est le propre de la fascination (LDA, 2009. La Fascination. Nouveau désir d’éternité, Québec, P.U.Q., 395 p.) : attirer par l’étrangeté qu’elle convoie, voire par le risque qu’elle induit et, sur cette frange, ce en quoi elle peut rebuter, jusqu’à effrayer. Mais l’ambivalence est en soi excitante. En sus, la fascination est à la fois source de vie et d’ouverture, mais si l’on s’y abandonne entièrement ou chroniquement, elle emporte et détruit.
BONNABEL, Lola, RICHIER, Anne (2016). « L’archéologie. Au centre ou à la marge de plusieurs disciplines ? », Revue des sciences sociales, sous thème Indiscipliné.e.s, Université de Strasbourg, No 56, 2016, mis en ligne le 10 juillet 2018, consulté le 26 décembre 2021.
URL : http://journals.openedition.org/revss/400 ; DOI : https://doi.org/10.4000/revss.400
(Paragraphe 2 , Résumé, paragraphe 30.) Soulignés de LDA.
[Ces deux auteures, comme LDA, qui se joint à elles à l’occasion, sont membres du Groupe d’Anthropologie et Anthropologie du Funéraire (GAAF), qui mène des recherches, propose des ateliers et organise des rencontres interdisciplinaires. Remerciements aussi à Hervé GUY, anthropologue et archéologue.]
L’archéothanatologie étudie la mort passée sous plusieurs dimensions (archéologique, biologique, anthropologique). Quelques éléments des chantiers québécois seront traités en lien avec les enjeux patrimoniaux dans un prochain Récit.
Heuristique : art d’inventer et d’abord de découvrir, singulièrement en proposant une méthode claire.
Expression tirée de LDA, « La belle, la (dé)-possédée, la digne, l’inouïe », Revue internationale d’action communautaire, Vieillir et mourir : à la recherche de significations, No. 23/63, Printemps 1990, 79-98.
Par étymologie, un Memento mori est un rappel de la finitude : « Souviens-toi de la mort, que tu es mortel.» (et non pas le répandu « que tu dois mourir »). On trouve dès l’Antiquité grecque des formules de ce type, répandues au Moyen-Âge dans la pastorale chrétienne (les ouvrages d’Ars moriendi ou Art de mourir) et dans l’iconographie d’abord religieuse, puis largement reprise au 17e siècle : un être méditant dans le clair-obscur sur une tête de mort, des sabliers, etc. Lorsque l’image s’accompagne de fruits de la beauté et de l’abondance, on parle davantage de Vanités, puisqu’elles mettent en contraste non seulement le mort qui emporte le vif (comme dans Les danses macabres), en soulignant l’égalité du destin, mais l’arrachement à la vie, si ce n’est un certain détachement. Je reviendrai sur les Memento mori contemporains.
RICHIER, Anne (2020). Mort ordinaire, morts ordinaires : traitement et devenir des corps dans les cimetières à partir de l’exemple provençal (XVIe – XIXe siècle). Apports de l’archéologie à l’histoire et à l’anthropologie sociale, Thèse en anthropologie sociale et historique, École doctorale de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), Marseille, 474 p. (Non encore éditée)
C’est le propre de la fascination (LDA, 2009. La Fascination. Nouveau désir d’éternité, Québec, P.U.Q., 395 p.) : attirer par l’étrangeté qu’elle convoie, voire par le risque qu’elle induit et, sur cette frange, ce en quoi elle peut rebuter, jusqu’à effrayer. Mais l’ambivalence est en soi excitante. En sus, la fascination est à la fois source de vie et d’ouverture, mais si l’on s’y abandonne entièrement ou chroniquement, elle emporte et détruit.